La génèse des P'tits Beurrés

Publié par Jean-Claude Le Berre

Les P’tits Beurrés Nantais : pas pour du beurre…

Comme dans beaucoup d’organisations tout commence souvent auprès de la machine à café… C’est autour de celle de la Chambre d’agriculture de Loire-Atlantique, à la suite d’un portrait du fondateur du mouvement Slow Food, Carlo Pétrini, dans une édition du Monde, que prend naissance un jour de 2003 le souhait de quelques salariés de se rapprocher, à titre individuel, de ce mouvement.

D’autant qu’au même moment se prépare au Dresny, dans l’Ouest du département une prochaine édition de la Fête de la vache Nantaise et des races locales. Avec comme sujet de préoccupation : comment valoriser ces races locales d’un point de vue économique pour en faire vivre des éleveurs ? Voire installer à terme des jeunes sur des systèmes économes mais néanmoins rentables. D’où l’émergence d’un projet de débat sur ce thème lors de cette fête en y invitant un représentant de Slow Food France.

Une occasion aussi pour le mouvement Slow Food d’approfondir des contacts avec des éleveurs de races locales, notamment de porc Blanc de l’Ouest en relation avec le convivium, c’est-à-dire le groupe local de Rennes. Eleveurs de vaches Nantaises et de Bretonnes Pie Noir, chevilles ouvrières de cette fête, se trouvent en phase avec la philosophie et les actions de Slow Food en faveur des races et espèces végétales mises à mal par un type d’agriculture et d’alimentation uniformisantes.

Du débat sur ce thème, suivi d’un atelier du goût, action emblématique du mouvement Slow Food, sur la viande de bœuf Maine-Anjou - engagée alors dans une démarche de labélisation d’Appellation d’origine contrôlée (AOC, devenue aujourd’hui AOP, « P » pour protégée) - et la viande de vache Nantaise, naît l’idée qu’il faut créer sur la région une représentation de Slow Food.

De plus, durant les deux jours de la fête, un stand présente le mouvement aux visiteurs et permet déjà de recueillir des adhésions ou de rencontrer des adhérents individuels, n’ayant pas de lien avec une structure locale du mouvement. Et rendez-vous est pris pour formaliser cet engagement par la création d’un convivium.

Resurgissent aussi les prémices d’un premier contact nantais avec le mouvement Slow Food au travers la personne de Patrick Lefèvre-Utile, alors chargé de rechercher les meilleurs abricots du Roussillon pour la biscuiterie LU. C’est au travers de son activité qu’il découvre et prend contact avec le convivium Slow Food de Montpellier," dont est membre le président de Slow-Food France. Et la boucle est bouclée. Sauf que la maladie emporte Patrick Lefèvre-Utile et personne ne prend alors le relais pour installer Slow Food sur la région nantaise. Jusqu’à cette édition 2004 de la fête de la vache Nantaise et des races locales.

Les statuts de Slow Food imposent aux conviviums de se trouver une appellation « contrôlée »… D’où un brassage de propositions lors de la première assemblée générale du convivium de Nantes, qui se tient dans les salons du parc des expositions de La Beaujoire à Nantes, puisque ses cuisines permettent de réchauffer de la poule Coucou de Rennes, autre chouchou du mouvement ! Et ce jour là également, nombre d’adhérents découvrent le "gwell", gros lait fermenté de Bretonnes Pie Noir, produit phare de ces élevages, mais qui ne saurait faire oublier que la Bretagne était, grâce à ces petites vaches un rien têtues et en tout cas bien cornées, un pays de beurre et de gâteaux dont Nantes a su tirer profit…

Et entre émincé de poule Coucou et cuillerée de gwell, jaillit l’association d’idées qui préside à la dénomination du convivium : Patrick Lefèvre-Utile à l’origine d’un premier contact avec Slow Food, Lu et ses p’tits beurres, le beurre des vaches bretonnes, les biscuits et hop, naissent alors formellement « Les P’tits Beurrés Nantais »…

Jean-Claude Le Berre

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