Actinidia ou Kiwi, l'autre passion de Gilbert Pineau
Nous sommes le 25 avril, la route que nous empruntons passe au milieu de champs de muguet ; les clochettes sont bien blanches, à point pour la cueillette, et si odorantes qu'elles embaument même nos voitures ! Déjà conquis par les asperges de Gilbert, nous voilà prêts à le suivre à la découverte de son étrange verger.
Une tonnelle d'un hectare couverte d'un filet et entourée de pare-vent. Des branches qui s'entortillent autour de barres de fer, voilà de bien curieux arbres ! Les bourgeons ne sont pas tous éclos, les feuilles présentes encore petites, les boutons floraux petits mais présents, bref, toutes les conditions sont réunies pour voir l'architecture tout en imaginant la parure à venir.
Originaire de Chine, l'"actinidia chinensis" a été importé en Nouvelle Zélande dans les années 1900. Baptisé du nom de kiwi, symbole du pays, l’œuf brun et poilu pouvait partir à la conquête du monde en oubliant ses origines.
Comme les premières plantations françaises datent de 1980 pour lutter contre l'envahissant kiwi néozélandais, pourquoi ne pas appeler la plante actinidia et le fruit kiwi ? La culture est si récente que les modes de culture sont pour l'essentiel encore à trouver.
Pour apprivoiser cette liane sarmenteuse tropicale, il faut vraiment être passionné !
Délicat, exigeant et exubérant !
Pas question pour l'actinidia d'avoir les pieds dans l'eau, même s'il a besoin d'arrosages copieux. Il ne lui faut pas moins de 20 m² par plante, et surtout pas de grêle, pas de gelées, pas de vent... Le bonheur quoi ! Notre passionné sourit, il aime tant ce verger dont il s'occupe depuis 2010 qu'il lui pardonne tout.
Le sol est drainé, l'arrosage est calculé et maîtrisé (35 ou 50 litres selon les plantes), des filets anti-grêle et brise-vent ont été posés, rien n'a été oublié.
Et les gelées ? une surveillance assidue de jour et surtout de nuit pour déclencher l'arrosage qui couvrira les branches de glace pour les protéger (la glace à 0°, c'est mieux qu'une gelée à -5° ou -10°). L'été ? l'herbe fauchée du verger, mélangée à de la paille, freine l'évaporation.
Pour ce qui concerne la culture elle-même, l'actinidia n'est pas plus facile à vivre !
Un tronc, des charpentières, tout comme la vigne. L'actinidia se taille comme elle d'ailleurs, à deux yeux, mais la ressemblance s'arrête là. Liane tropicale, l'actinidia est capable de lancer de nouvelles cannes d'un bon mètre en 24 heures. Autant dire que c'est, selon, le plaisir quotidien ou le bagne pour le manipulateur de sécateur.
Et le kiwi dans cette jungle ?
25 avril, les boutons floraux sont en place, mais ils ne s'ouvriront qu'en juin ; grand spectacle nous assure Gilbert Pineau !
Autre facétie de l'actinidia, les plants ont un sexe déterminé, mâle ou femelle ; mais, si l'on peut faire une sélection pour l'asperge (vous n'avez pas lu l'article précédent ?) c'est impossible quand on veut des fruits. Et comme c'est le kiwi qui nous intéresse... il faut un mâle pour cinq femelles.
Riches des connaissances transmises par Virgile MAZERY (voir "slow honey", 12 avril 2015), une question s'impose : comment assurer une bonne pollinisation ?
Des abeilles ? claustrophobes, aussitôt lâchées dans le verger, aussitôt retour à la ruche à cause du filet anti-grêle. Des bourdons ? bien sûr ! inoffensif puisqu'il n'a pas de dard, absolument pas exigeant puisqu'il se contente de butiner les fleurs les plus proches. "C'est un besogneux, il faut voir les grosses pelotes de pollen accrochées à ses pattes" nous dit Gilbert Pineau. Il achète des petites ruches en carton, 7 au total pour le verger, 300 bourdons par ruche, 2100 bourdons besogneux, cela fait un spectacle bruyant, mais efficace.
Plus les fleurs femelles seront pollinisées et plus le kiwi sera gros ; chaque pollinisation donne une petite graine noire dans le fruit dont la grosseur dépendra du nombre total de graines. Pour maintenir la régularité du fruit, il faudra encore sélectionner et supprimer nombre de kiwis naissants sur les plants ; tout se fait à la main, bien entendu.
Où les trouver ?
Cerise sur le gâteau, on peut profiter du spectacle du verger tonnelle garni de fruits fin octobre, pour une cueillette directe.
Sans le spectacle mais tout aussi goûteux, comme l'asperge, 112, l'Aubinière à Saint-Julien-de-Concelles
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